Quelle étrange histoire — Ebook

Si Jean Galmot n'avait pas été assassiné en Guyane, en 1926, dans des conditions que l'État se refusa à lever, dans la crainte des émeutes qui secouèrent alors la colonie, est-ce qu'il ne serait pas considéré comme un de nos grands écrivains?

Né en Dordogne, commençant sa vie par le journalisme, il s'embarque en 1906 pour les Antilles. En Guyane, il mènera la dure vie des chercheurs d'or, fera un an de prison pour une escroquerie qu'il reconnaîtra, puis tentera de s'établir commerçant d'une gomme végétale qu'il découvre, et prend la tête d'un mouvement de petis exploitants blancs contre les grandes compagnies, qui le lui feront payer par cet empoisennement à l'arsenic, dans les geôles de Cayenne.

Fasciné par cette vie aux limites, Cendras lui consacrera dès 1939 un livre-hommage, un livre-testament : "Rhum, l'aventure de Jean Galmot".

Il laisse, en 1922 puis en 1928, deux livres qui sont une formidable singularité de langue : à la fois lyrique et fantastique, ouverte à toutes les superstitions et tous les rites de la jungle, et immergée dans les chantiers des chercheurs d'or, et leur vie à l'extrême, et semés de personnages qui semblent trouer les pages.

Destin singulier d'aventurier du bout du monde et mort trop précoce, cela le rapproche d'une autre voix singulière et trop méconnue, celle de Louis Hémon. Alors ces deux livres qui nous promènent sur les océans et dans la jungle, ouverts à tous les fantômes, croisant bagnards et tribus indiennes ignorées, à nous de les réhabiliter, et tout d'abord de nous en enivrer.

"Quelle étrange histoire" – une femme blanche, seule, traversant l'océan et remontant le fleuve, plus poétique le premier –, et "Un mort vivait parmi nous", avec le portrait de cet homme sans mémoire, qui nous fera traverser toutes l'âpreté des chercheurs d'or, en quête de l'El Dorado mystique –, sont les deux volets frères et opposés d'un diptyque qui vous aspirera et dans la langue et dans la jungle.

On les propose conjointement ici.

FB